ART ET CONTINUITÉ : LA TRADITION
 
Thèmes et figures de la tradition : des mythes, des thèmes, des personnages, des symboles… (par exemple la fuite du temps, l’artiste qui implore les Muses de lui donner l’inspiration, Œdipe, Orphée et Eurydice, Vénus, Dante, le Christ en croix, la Pietà, Don Juan, Barbe-Bleue, Faust, Dracula, la colombe de la paix... mais aussi les bustes de Marianne, les symboles des Etats et Institutions…), qu’ils aient été créés à une époque bien précise ou non, ont été repris par la suite, à l’identique ou pour les transformer, les transposer dans le monde contemporain de l’artiste. 
 
Reprises et adaptations : même quand elles n’ont pas de valeur mythique, des œuvres sont parfois reprises par d’autres artistes qui en produisent une copie plus ou moins fidèle dans un souci d’imitation (réécritures de récits, remakes de films, nouvelle mise en scène, nouvelle interprétation, nouveaux matériaux, nouvel emplacement…), pour l’adapter à une autre forme artistique (du récit au théâtre, au cinéma, à la chanson, à l’opéra, à la peinture…) ou pour désacraliser voire tourner en dérision le modèle (caricatures, pastiches, parodies…). 
 
Renaissances et revivals : des mouvements artistiques éteints, parfois depuis longtemps, redeviennent un modèle, une référence comme les façades des temples antiques, la composition d’une tragédie ancienne, la littérature « gothique », le rock des années 50, ou des années 70, les arts premiers… 
 
La tradition des genres : chaque projet, s’il s’inscrit dans un genre connu et pratiqué depuis longtemps, se soumet aux usages qui l’ont précédé : le plan en croix d’une cathédrale, la forme fixe d’un sonnet, la mise en scène d’un portrait en peinture ou en photographie, la statue d’un saint et de ses attributs, les scènes traditionnelles du western, les personnages et l’intrigue de la commedia dell’arte, le « boulet » en comédie… 
  

ART ET RUPTURE : LA NOUVEAUTÉ 
 
Casser les règles : le passage d’un mouvement artistique à un autre est souvent l’expression d’un rejet et d’un mépris des règles précédentes : romantisme et classicisme en littérature, rejet de l’académisme en peinture, la nouvelle vague au cinéma, le tango, la danse moderne, la musique punk… 
 
Rompre avec les objectifs traditionnels des arts : la peinture abstraite ne cherche plus à représenter le monde et les êtres en les imitant, la musique contemporaine ne cherche plus une harmonie séduisante, la danse contemporaine renonce parfois à la fluidité et à la douceur des mouvements… En général, l’esthétique (la recherche de la Beauté) n’est plus forcément le but premier de l’art. 
 
Mélanger les arts et les genres : les époques précédentes ont instauré des genres, les ont codifiés, leur ont imposé des règles contraignantes qui ont pu paraître absurdes aux artistes. C’est pourquoi les genres se confondent parfois : instruments classiques pour des chanteurs rock, comédie et tragédie mêlées, éléments industriels dans une architecture accueillante… Au delà de ce mélange des genres, ce sont les arts qui se confondent, se superposent pour ne plus faire qu’un. 
 
Expérimenter : l’art n’aurait pas de sens s’il s’enfermait dans la répétition. Inventer, c’est en quelque sorte expérimenter de nouvelles voies. Toutes ne méritent pas d’être suivies. Certaines œuvres sont manifestement le résultat (plus ou moins heureux) de ces expériences. Elles ne trouvent pas toujours leur public, et les artistes eux-mêmes choisissent parfois de renoncer. 
 
Eriger l’art populaire en art noble : la différence est parfois ténue entre l’artisan et l’artiste, mais les siècles précédents ont voulu séparer les Beaux-Arts des arts populaires. En revanche, à partir du XIXème siècle, bon nombre d’artistes voient de l’intelligence et de la créativité dans les objets du quotidien, dans les musiques ou danses populaires, dans les affiches… Ils les intègrent parfois, voire les adaptent dans leurs propres œuvres.